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Déconstruction du baraquement

C’est une étape difficile, ce n’est pas que techniquement, nous ne savons pas faire, c’est simplement que ce bâtiment emblématique va disparaitre. Même si, pour certains, il avait l’air moche à l’entrée avec ses planches vermoulues et ses tôles rouillées, il emportera avec lui un morceau d’histoire débutée de l’autre côté de l’Atlantique il y a plus d’un siècle.

Pendant la Grande Guerre (1914-1918), le corps expéditionnaire de l’armée américaine réfléchit à des solutions architecturales permettant de construire rapidement et à peu de frais des baraques préfabriquées, aux dimensions standardisées, modulables et démontables sans grosses pièces de bois. Ainsi les hôpitaux, morgues, cuisines, dortoirs, bureaux, stocks sont toutes construits sur le même modèle la baraque Burton-MacNeille.

A partir de là il n’est pas possible d’en savoir plus : Quand ? Comment ? Pourquoi ? Par qui ? Une partie de cette histoire restera à jamais oubliée, mais au sortir de la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945), mon grand-père fait l’acquisition d’un de ces baraquements pour en faire un hangar agricole. Depuis, il a participé à la vie du camping en abritant du matériel et en exposant les affiches des événements de la vallée pendant 70 ans. La conservation du patrimoine sert à ne pas oublier d’où l’on vient et permet de transmettre les enseignements du passé, c’est pourquoi il était important pour nous d’expliquer ici l’histoire de ce bâtiment.

C’est donc avec un pincement au cœur que nous entamons cette étape destructive, mais pourtant inévitable pour créer quelque chose de nouveau.


Étape 1 : démonter l’appentis sommaire adossé au baraquement, retirer ensuite les quelques tuiles qui couvrent le faîtage qui seront traitées comme les gravats des fondations, puis les tôles galvanisées qui servent de couverture que nous allons réemployer sur l’appentis.

Étape 2 : après la couverture, place à la structure ; sans surprise, celle-ci n’est pas en parfait état et commençait à montrer de sérieux signes de vétusté. Nous avons décidé de découper chaque travée à la tronçonneuse afin de démolir le bâtiment tranche par tranche, avec une ferme et ses deux poteaux à chaque fois. Cela permet de faire des morceaux de taille modeste que l’on peut charger à la main dans la remorque direction la déchèterie où le bois sera intégralement transformé et réemployé (en panneaux de particules, papier, isolant ou encore combustible, voir même peut-être de l’électricité verte). Nous avons simplement conservé les planches qui servaient d’entrait pour faire le coffrage béton pour les cuves d’eau de pluie.

Étape 3 : la vue est maintenant dégagée ! La démolition sera terminée lorsque nous aurons sorti les fondations, mais avant nous voulons arracher les rosiers pour les replanter ailleurs. Malgré une certaine discrétion, les plus vieux d’entre eux ont vu passer bien des campeurs et des campeuses car ils ont été plantés par mon arrière grand-père en 1951, il est donc tout naturel de leur offrir un nouveau lieu de vie. Enfin avec la mini-pelle nous pouvons casser les fondations en béton et les porter à la carrière voisine, histoire que de nouvelles constructions puissent être réalisées avec.

Finalement cette étape de destruction va générer une bonne partie de matériaux ré-employables ou recyclables. Comme le phénix, notre baraquement pourra renaître sous d’autres formes, dans d’autres lieux, c’est un peu l’histoire de la vie 🙂


octobre 2022


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